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486                        BULLETIN      ARTISTIQUE.

trice, une voix merveilleusement timbrée, mais où est le charme vainqueur
qui vous arrive à Famé et vous fait rêver. Le talent de M 1,e Elian n'agit pas
sur les masses, et nous- doutons que cette artiste rende jamais de grands ser-
vices au double répertoire qu'elle est appelée à féconder. Puisse l'adminis-
tration trouver en celte voix les ressources sur lesquelles elle a dû compter '.
On parle avec éloge de M l l e Billard, jeune chanteuse qui vient en aide à
M l l e Elian.
   Notre cadre lyrique ainsi renforcé présentera, avec M M . Poitevin, Boulo.
Flachat et Barrielle, un ensemble de voix fort remarquable et qu'on ne ren-
contre pas hors de Paris.
   — Achard est venu consoler le petit théâtre des Célestins des lacunes qui
existent encore à son personnel. Il nous a apporté sa franche et bonne gaîté,
sa verve et son esprit. La Famille du Fumiste, Titi le Talocheur, Pascal et Cham-
bord, l'Aumônier    du Régiment, Indiana et Charlemngne,    nous ont tour à tour
fait apprécier, sous différents aspects, et sa jolie voix et son jeu naturel et fin.
Il excelle dans la chansonnette et c'est plaisir de lui entendre chanter les
Modistes de la rue Vivienne, les Jeux innocents et la Tombola de        Perlinpinpin.
Achard sort du peuple et c'est au peuple dont il reproduit les types divers,
qu'il devra toujours ses plus beaux succès. Comme à chacun de ses voyages,
cet artiste a débuté ici par une bonne action ; il a donné au bénéfice des in-
cendiés des Brotteaux sa seconde représentation.
   — Le piano est devenu un instrument dévoué à toutes sortes d'exercices
de force et d'agilité, depuis que le public, mettant sur        la même ligne le
talent laborieux et le talent inspiré, prend pour le dernier ternie du mé-
rite musical les formules bizarres et tourmentées.         Peu jaloux des succès
que la plupart des artistes contemporains obtiennent en prodiguant les dif-
ficultés,   M . Lacombc, artiste de talent et de goût, ne tente rien d'impos-
sible ; avare de prodiges, il les choisit bien. Il exécute avec une irrépro-
chable pureté toutes les phrases       d'un morceau sans y      ajouter jamais un
trait inutile ; celte sobriété de style donne à son jeu plein d'une expres-
sion exquise toute la grâce et tout le pathétique qu'on voudrait            trouver
plus souvent chez les pianistes. Sous les doigts de M . Lacomhe, le piano
semble égaler tous les autres instruments en flexibilité et en mélodie.
   Si la saison peu favorable aux concerts a privé M . Lacomhe des nom-
breux auditeurs qu'il était en droit d'espérer, il n'en a pas moins reçu des
applaudissements contre lesquels le goût le plus difficile n'aurait pas à pro-
tester. Il nous a fait ses adieux en nous laissant, avec le souvenir de son talent,
Je souvenir d'une bonne action. Il a joué lundi dans le concert que le Cercle
Musical a eu l'heureuse idée de donner au bénéfice des victimes de l'incendie
des Brotteaux,