Revue du Lyonnais » série 1 - n°19 ( 1844 ) » pp.387

                        ODES ET POÈMES.                         387
rivions à le concevoir parfaitement sicuti est. La pensée qui
plonge par la poésie dans les abîmes mystérieux du monde ne
fait pas un acte stérile. Que notre siècle le sache bien! La
main qui soulève le voile qui recouvre l'invisible vaut le bras
qui s'arme du marteau ou de la bêche ; l'homme ne s'enrichit
pas seulement en défrichant le globe ; il ne prouve pas sa
force seulement en le façonnant; il s'enrichit en l'étudiant
comme symbole de vérité, comme livre d'enseignement.
    La poésie toute religieuse de M. de Laprade vient donc à
propos pour rapprocher les imaginations de l'infini et de la
nature, double foyer où elles doivent perpétuellement s'ali-
menter. Heureux l'artiste qui, comme lui, accroît l'idéal poé-
 tique de son siècle, et, par son travail, élève le niveau de la pen-
sée de ses contemporains.
                                             JEAN STRUSIE.