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156 HISTOIRE mais d'autre part nous n'avons pas en entier l'ouvrage de saint Irénée. Ce qui nous en est parvenu, soit en grec, soit seulement dans une version que l'on regarde comme très ancienne et très fidèle, à raison même de sa rusticité, suffit bien pour nous donner la plus haute idée du savoir, de la piété et de l'éloquence du saint évêque. Un savant théologien catholique de la moderne Allemagne, l'illustre Mœlher, l'apprécie en ces termes : « Il surpassait en crédit tous ceux qui, avant lui, avaient pris la défense de l'Eglise. Quant à la clarté du ju- gement, à l'habileté et à la supériorité de l'esprit, il peut être placé à côté d'Origènes; tandis que, pour la manière de concevoir et de traiter les dogmes, surtout contre les hé- rétiques, il n'a été surpassé par aucun Père des siècles sui- vants. Certains dogmes même qui jusqu'à lui n'avaient pas encore été expliqués, ou du moins ne l'avaient pas été avec autant d'étendue, non seulement sont exposés par lui avec une sûreté parfaite, mais encore ont vu leur importance pour la liaison organique de la doctrine chrétienne être dévelop- pée dans toute sa sévérité. Son style simple et sans art se change en une dialectique vigoureuse par l'effet de la vivacité et de la finesse de son esprit Ces dons firent d'Irénée un des astres les plus brillants de l'Eglise d'Occident (1). » S'il était besoin du suffrage d'un écrivain protestant et philosophe, nous rappellerions ce que M. Maller a dit de saint Irénée, dans une Histoire du Gnosticisme,.où, du reste, les erreurs de doctrines et les préjugés de secte ont déna- turé tant de choses. On doit rendre celte justice à M. Matter, que ce n'est point avec la passion de ses coreligionnaires qu'il a jugé saint Irénée. Il termine ses observations et »es éloges par les lignes que voici : « ïertullien avait donc rai- son de l'appeler un avide explorateur de toutes les doctrines; il les suivait toutes avec attention, malgré l'éloigucment où (1) MoelliL-r, Patrologie, tract de Cohuii, t. I, pag. 3 6 7 .