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mais d'autre part nous n'avons pas en entier l'ouvrage de saint
Irénée.
   Ce qui nous en est parvenu, soit en grec, soit seulement
dans une version que l'on regarde comme très ancienne et
très fidèle, à raison même de sa rusticité, suffit bien pour
nous donner la plus haute idée du savoir, de la piété et de
l'éloquence du saint évêque. Un savant théologien catholique
de la moderne Allemagne, l'illustre Mœlher, l'apprécie en ces
termes : « Il surpassait en crédit tous ceux qui, avant lui,
avaient pris la défense de l'Eglise. Quant à la clarté du ju-
gement, à l'habileté et à la supériorité de l'esprit, il peut
être placé à côté d'Origènes; tandis que, pour la manière
de concevoir et de traiter les dogmes, surtout contre les hé-
rétiques, il n'a été surpassé par aucun Père des siècles sui-
vants. Certains dogmes même qui jusqu'à lui n'avaient pas
encore été expliqués, ou du moins ne l'avaient pas été avec
autant d'étendue, non seulement sont exposés par lui avec
une sûreté parfaite, mais encore ont vu leur importance pour
la liaison organique de la doctrine chrétienne être dévelop-
pée dans toute sa sévérité. Son style simple et sans art se
change en une dialectique vigoureuse par l'effet de la vivacité
et de la finesse de son esprit     Ces dons firent d'Irénée un
des astres les plus brillants de l'Eglise d'Occident (1). »
   S'il était besoin du suffrage d'un écrivain protestant et
philosophe, nous rappellerions ce que M. Maller a dit de
saint Irénée, dans une Histoire du Gnosticisme,.où, du reste,
les erreurs de doctrines et les préjugés de secte ont déna-
turé tant de choses. On doit rendre celte justice à M. Matter,
que ce n'est point avec la passion de ses coreligionnaires
qu'il a jugé saint Irénée. Il termine ses observations et »es
éloges par les lignes que voici : « ïertullien avait donc rai-
son de l'appeler un avide explorateur de toutes les doctrines;
il les suivait toutes avec attention, malgré l'éloigucment où


  (1) MoelliL-r, Patrologie, tract de Cohuii, t. I, pag. 3 6 7 .