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DE LA PI1RÉN0L0G1E. 77 tifs, et surtout souvent contre des motifs reconnus détermi- nants, et pourtant dédaignés. Ce que nous venons de dire de la suppression de la liberté par Gall est si vrai, que par une confusion de langage et une contradiction qui me paraît inexplicable quoiqu'il cherche à l'expliquer, il appelle la l i - berté une faculté, et lui refuse un organe particulier, après avoir dit que toutes les facultés doivent en avoir un. R e - connaissons l'embarras du maître, il sentait bien qu'en la con- servant générale avec un organe, elle absorbait tout; qu'en la fractionnant entre tous ses autres organes, il l'annihilait. Dans le premier cas, il tuait son système ; dans le second, il offensait et révoltait la conscience publique ; pour échapper à cette fatale disjonclive, il s'est jeté dans le vague et a con- servé le mot. Si, par là , on donne le change au vulgaire, on n'échappe pas aux justes et perspicaces sévérités des grands esprits: aussi le grand homme est-il bien heureux de n'a- voir pas vécu du temps de Descartes. Il est, pour le moins, curieux de savoir comment cet illustre philosophe parlait du système dont l'idôe-mère semblait déjà poindre. Ecou- tons-le : « On veut qu'il y ait en nous autant de facultés qu'il y a de vérités à connaître, mais je ne crois point qu'on puisse tirer aucune utilité de cette façon de penser ; et il me semble plutôt qu'elle peut nuire, en donnant sujet aux IGNORANTS D'IMAGINER AUTANT DE DIVERSES PETITES ENTITÉS EN NOTRE AME. » Ce texte mis en lumière par M. Flourens est précieux ; c'était tout a la fois de la part du pontife de la raison, du plus pénétrant observateur des vérités ontologiques, c'était, dis-je, une prophétie piquante, et un arrêt de mort que le bon sens et la conscience confirmeront.