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CONSPIRATION DE GRENOBLE EN 1816. 477 prix, et il erra des montagnes déjà Suisse aux cités allemandes jus- qu'à des temps meilleurs. Revenu en France, il fut admis à Paris dans les principales familles d'émigrés, et s'occupa très activement d'affaires relatives à la restitution de leurs biens séquestrés ou ven- dus. De 1795 à 1798, il toucha, de ce côté-là seulement, la somme de six cent mille francs, qui furent bien vite engloutis dans des abî- mes inconnus. N'est-ce point à ce besoin d'argent qu'il faut imputer surtout ses variations et ses malheurs ? En 1799, Didier publiait un très médiocre opuscule, L'Esprit et le Vœu des Français; c'était une sorte d'appel à une restauration. En 1802, habile à saisir les circonstances, il faisait paraître un autre manifeste, Du Retour à la Religion, et le dédiait à Bonaparte. L'é- crit n'avait de remarquable que la particularité de cette dédicace, et, en l'absence de conviction profonde, il n'y régnait pas même quelque élévation de pensée ou de langage. Cet opuscule, qui servit les inté- rêts présents de Didier, fut exhumé au retour des Bourbons, dans des vues absolument semblables, et l'homme de l'Empire se faisait ainsi l'homme de la Restauration, contre laquelle il devait bientôt méditer un coup de mort. Voilà le héros de ce drame de 1816. Les incidents qu'il présente et le sanglant echafaud qui vint se dresser à la fin des menées, sont l'objet d'un livre habilement disposé, et dans lequel les moindres faits sont groupés avec art, de manière à donner de la force aux documents officiels, aux preuves positives. On remarquera sûrement les portraits de certains hommes qui ont figuré dans l'affaire de Didier, et, entre autres, celui de Decazes. C'est un des chapitres les mieux touchés du livre de M. Dacoin, et aussi l'un des plus accusateurs. Il faut mettre en regard, dans un autre genre, les pages qui concernent le duc de Richelieu. Lors- qu'on entre plus spécialement dans l'histoire de Didier et de ses affidés, le récit prend un aspect différent et dramatique ; puis arrive cette vive peinture de la fuite et de l'arrestation du conspirateur. On a pu lire ces dernières pages dans les colonnes de la Revue. II est une partie accessoire qui n'est pas dénuée d'intérêt, tant s'en faut, car elle rappelle les Doms et les œuvres de ceux qui ont écrit sur l'affaire Didier. Si la partie purement historique nous re- trace bien des misères et des turpitudes, celle-ci nous met égale-