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                        HISTOIRE DE FRANCE.                            245

 d'un long discours, dans toutes les règles, sur la situation du royau-
 me en 1357 et l'excellence du gouvernement représentatif qu'il était
 alors urgent d'établir. — Une dernière observation, et nous aurons
 terminé le rôle pénible de critique. En rendant compte, il y a quel-
 ques mois, de l'apparition de ce volume, un journal de Paris félici-
 tait M. Michelet d'avoir redressé cette erreur vulgaire qne Louis XI
 avait été l'ennemi et le destructeur de la féodalité. Ce point de vue
 bouleversait, en effet, toutes les idées reçues, et nous pouvons dire,
 toutes les idées vraies. Aussi, nous paraissait-il impossible que l'intel-
 ligence et l'érudition de M. Michelet n'eussent abouti qu'à développer
 un paradoxe insoutenable. Fort heureusement, il n'en est rien ; et de
 tous les textes recueillis par M. Michelet, de tous les faits qu'il a pa-
 tiemment exposés, il ressort plus clairement que jamais, que Louis XI
 fut novateur en politique et porta un coup décisif au régime féodal.
 Toutefois le critique dont nous parlons n'a pas tout-à-fait tort ; et,
 en racontant les luttes de Louis XI contre St-Pol, Armagnac, Ne-
mours (p. 361), M. Michelet déclare que ce serait errer profon-
dément que de voir dans ces luttes la résistance du vieux pouvoir
féodal contre la royauté; et la raison qu'il en donne c'est que ces
grands seigneurs étaient des fortunes récentes, puisqu'ils devaient
tout à Louis Kl. Nous avouons franchement persister dans cette
profonde erreur. Peu importe, suivant nous, l'ancienneté des
titres. Si lecomie de St-Pol se considérait comme inviolable dans
les dignités qu'il tenait du roi ; si Je comte d'Armagnac et le duc de
Nemours se croyaient souverains dans les terres que Louis XI leur
avait accordées, n'est-ce pas parce qu'ils les regardaient comme dus
fiefs? C'était donc le vieil esprit féodal que Louis XI combattait
en eux, comme plus tard, le fit Richelieu, qui détruisit les idées
féodales plutôt que la puissance féodale. Terres ou dignités, peu
importe ; c'étaient également des fiefs. M. Guizot a démontré, en
effet, que la féodalité n'avait pas eu une autre origine que la concen-
tration, entre les mêmes mains, des terres indépendantes et héré
ditaires, et des charges ou fonctions publiques devenues également,
par l'incurie des rois et par la force des choses, héréditaires et in-
dépendantes. La puissance de St-Pol et des Armagnacs commençait
donc une féodalité nouvelle absolument par les mêmes moyens qui