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DANS LE DRAME. 43 qui recueille les germes, et de la pensée philosophique qui les féconde. Il faut avoir l'une et l'autre pour arriver à d'heureux résultats. C'est à cette condition que s'élèveront ces travaux dont les auteurs, étudiant les chefs-d'œuvre du passé, cherchent à en dégager les infaillibles préceptes du beau et du vrai. Si, de plus, cette critique, en revanche de l'amour qu'elle prodigue aux anciens, accordait seulement aux modernes l'impartialité, elle serait d'une utilité incon- testable, et sa dignité et son influence s'accroîtraient avec jus- tice. Car si le génie n'emprunte à personne les ailes qui le transportent au séjour de la beauté, il prend son essor en s'appuyant sur ces monuments antiques dont on ne peut trop approfondir la perfection. Mais, pour être impartial, il faut avoir une vue large des choses ; il faut s'adresser moins aux hommes qu'aux systèmes, moins aux textes qu'aux idées, et posséder une vive intelligence des temps, des hommes, des opinions. C'est là cette philosophie à laquelle l'érudition doit servir de base. Or , l'esprit philosophique, uni à la science, est chose plus rare qu'on ne l'imagine. Dans le livre de M. St-Marc Girardin, c'est ce côté destiné à la spéculation qui nous semble tout-à -fai( absent, et c'est à cette omission que nous attribuons la sévérité de ses juge- ments sur l'école moderne. Mais, avant tout, faisons à l'auteur une large part d'élo- ges : des aperçus fins et délicats, une analyse ingénieuse, un style charmant qui semble avoir retenu l'aimable aisance de la parole, même après les épreuves de la correction, telles sont les qualités qui rendent ce livre d'une lecture pleine de charme et d'intérêt. Nous n'étendrons pas davantage ces louanges qui ne sont que justes. Assez d'autres relèveront ces qualités pour que nous puissions aborder la critique en toute sûreté de conscience. En faisant le plan de son ouvrage, M. St-Marc Girardin