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ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1588. W7 sur la France, et provoqué de toutes ses forces la tenue d'un concile national pour résoudre les dissidences religieuses, il s'exprime en ces termes sur l'intolérance de ses adversaires: « On m'a souvent sommé de changer de religion. Mais com- ment? la dague à la gorge. Quand je n'eusse point eu de respect à ma conscience, celui de mon honneur m'en eût empêché, par manière de dire. Qui ouït jamais parler que l'on voulût tuer un turc, un payen naturel, le tuer, dis-je, devant que d'essayer de le convertir?... que diraient de moi les plus affectionnés à la religion catholique, si, après avoir vécu jusqu'à trente ans d'une sorte, ils me voyaient subite- ment changer ma religion sous l'espérance d'un royaume... que diraient ceux qui m'ont vu et éprouvé courageux, si honteusement je quittais, par la peur, la façon de laquelle j'ai servi Dieu dès le jour de ma naissance ? Voilà des raisons qui touchent l'honneur du monde. Mais, au fond, quelle conscience ? avoir été nourri, instruit et élevé dans une pro- fession de foi, et sans ouïr et sans parler, tout d'un coup se jeter de l'autre côté ! Non, Messieurs, ce ne sera jamais le roi de Navarre, y eût-il trente couronnes à gagner Si vous desirez mon salut simplement, je vous remercie. Si vous ne souhaitez ma conversion que par la crainte que vous avez qu'un jour je vous contraigne, vous avez tort. Mes actions ré- sistent à cela. Il n'est pas vraisemblable qu'une poignée de'gens de ma religion puisse contraindre un nombre in- fini de catholiques à une chose à laquelle ce nombre infini n'a pu réduire cette poignée. » L'excellent prince gourmande avec force celte assemblée de Blois, au sein de laquelle « nul, dit-il, n'a osé prononcer ce sacré mot de paix, ce mot dans l'effet duquel consiste le bien du royaume, » et il considère « cette admirable et fatale stupidité comme un des plus grands présages que Dieu nous ait donnés de son déclin. » Mais c'est surtout quand, s'adres-