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470                         THÉORIE

l'infini, l'absolu, comme nos sens à percevoir le fini, le con-
tingent? Non, dit M. Bouillier, car si la raison était l'organe
d'un esprit fini, elle ne pourrait avoir avec l'infini aucune
correspondance. 11 aurait fallu peut-être insister davanta-
tage sur celte démonstration essentielle pour la théorie. Ce
que nous savons surtout de l'infini c'est qu'il existe et.la con-
naissance que nous en avons étant limitée et inadéquate peut
ne pas sembler tout-à-fait hors de la portée d'une faculté finie.
D'ailleurs, si la raison impersonnelle est finie en nous, com-
ment connaît-elle l'infini, el si elle y est infinie, comment ne
le connait-elle pas tout entier? Sur ce point, nous le répétons,
quelques développements sont à désirer.
   L'impossibilité de toute relation d'un sujet fini à un objet
infini devait conduire à confondre les deux termes. Dans la
connaissance de l'infini, le sujet qui connaît ne fait qu'un
avec l'objet qui est connu, tandis que dans celle du fini ils
 restent séparés; c'est le moi et le non moi. La raison, en ef-
fet, n'est pas nous, elle est Dieu qui est en nous ou plus exac-
tement Dieu en qui nous sommes. Après avoir écarté ou pour
mieux dire accepté dans le sens littéral el rigoureux les vagues
métaphores qui en expriment le caractère divin, M. Bouillier
défiinit la raison : « l'essence de Dieu même présent substan-
tiellement en nous en raison de son infinité » et la connais-
sance de l'infini : « La conscience qu'il prend en nous de sa
propre nature. »
   Celte théorie exige de l'homme un sacrifice douloureux et
son orgueil doit êlre plus que sa raison difficile à convaincre.
Il lui faut, en effet, retrancher des facultés qui constituent sa
personnalité la plus noble, celle qui l'élève au dessus de la
sphère finie, et peut-être n'y consentirait-il jamais si, d'autre
part, il n'avait lieu d'être fier d'une communion perpétuelle
avec Dieu el du lien qui le rattache à lui, non plus seulement
par son origine, mais par une conlinuelle participation. La