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                DE LA BAISON IMPERSONNELLE.                  471

 raison ainsi conçue ne peut être récusée ; parfois, lampe mo-
 deste, elle ne brille que d'un demi jour, mais ce n'est jamais
 la lueur trompeuse d'un phanal sur un écueii.
    Abordant enfin le problème de la coexistence du fini
 et de l'infini, ou des rapports de Dieu avec le monde,
 l'auteur indique les causes d'erreurs et barre, pour ainsi
 dire, les chemins qui ne mènent pas à la vraie solution.
 Il y a sur ce sujet plusieurs chapitres dont la lecture sera
 particulièrement utile à ces ennemis de la philosophie pour
 qui l'accusation de panthéisme est devenue une injure ba-
nale, mais qui ne paraissent pas toujours bien renseignés sur
 le fond de celte doctrine. Le panthéisme naturaliste de Lu-
 crèce et de d'Holbach, qui absorbe Dieu dans le monde ma-
 tériel, — Le panthéisme idéaliste de Spinosa, qui absorde la
nature au sein de l'être infini, — Le panthéisme mystique y
sont l'objet d'un examen approfondi et d'une solide réfu'a-
tion. Les écarts de la pensée dans le sens opposé au pan-
 théisme ne trouvent pas grâce pour cela et M. Bouillier
combat avec la même force ceux qui par crainte de I'univers-
Dieu exilent l'être infini dans un coin de l'espace et brisent
tout lien entre le Créateur et son ouvrage. S'il n'y avait de
choix qu'entre ces deux systèmes, dont l'un détruit l'infinité
et la providence de Dieu, et l'autre qui nie la personnalité,
la liberté et fait de l'homme un pur phénomène, nous solli-
citerions, dit l'auteur, comme une faveur insigne, le droit
d'une hésitation éternelle. Heureusement la nécessité n'existe
pas de sacrifier la réalité des substances finies à l'infinité de
Dieu; ou l'infinité de Dieu à la réalité des substances finies.
La méthode psychologique, que le panthéisme a toujours dé-
daignée, en aurait signalé l'erreur par une contradiction :
comment nier le fini, puisque toute proposition suppose la
conscience de nous-même et en conséquence une affirmation
de l'existence et de la réalité du fini ?