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KTATS-GÉNKRAUX DE 1 5 8 8 . 451 talions louchant la ruine du peuple, elle exprimait le désir que le roi modérât les charges publiques, rétablit l'ordre dans les finances, régénérât la justice, remit la discipline parmi les gens de guerre, et assurât par la fermeté de ses dispositions la défaite de l'hérésie. Bernard qui parla le lendemain au nom du tiers-état, traça une peinture également énergique de la corrup- tion et des malheurs de la France. « Le temps et siècle sont si misérables, dit-il , qu'on aime mieux être fils ou héritier de quelque riche us'irier, que d'avoir de l'entende- ment. L'entendement se lire plutôt de la bourse que non pas des livres ni des cerveaux bien composés : les honneurs plu- tôt reconnus à la dorure de leurs états que par leur vertu, savoir et prud'hommie. Combien y en a-t-il qui se sont frayé le chemin aux états et dignités, non à la pointe de la vertu, selon qu'il se doit faire, mais comme plus offrants et derniers enchérisseurs, qui n'ont que la robe d'officiers pour couvrir leur ignorance... Quand nous parlons de la guerre, nous ne faisons pas simplement plainte des troubles suscités et nourris depuis vingt-huit ans par les hérétiques, les a r - mées étrangères, passages des ennemis et autres émotions civiles. Nous nous plaignons justement de l'insolence de votre gendarmerie et violence des soldats, lesquels, comme furieux et vrais parricides, ont pillé, déchiré, meurtri, violé et sac- cagé celte France, notre mère commune, ont égaré les vil- lageois avec une hostilité si barbare que la plupart des terres sont sans culture, les lieux fertiles déserts, les maisons vides, tout le plat pays dépeuplé, et toutes choses réduites en un désordre épouvantable. Leurs cruautés, blasphèmes et ran- çonnements ne se peuvent rapporter que la larme à l'œil, le soupir à la bouche, les plaintes et clameurs jusqu'au ciel. « Le seul soulagement attendu par les villageois, de l'as- semblée des Etats, le fruit qu'ils en espèrent, n'est autre que