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452 ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1588. de voir ci-après votre gendarmerie réglée et le soldat nourri avec l'ancienne forme et discipline militaire ; autrement leur simplicité et crainte se tournera en audace et vengeance, et la nécessité les portera au désespoir. » « L'amour du peuple, ajoutait l'orateur, est le fondement du royaume et la sûreté de votre sceptre. Les bonnes vo- lontés de vos sujets, ce sont châteaux et frontières, places fortes et citadelles imprenables contre tous enuemis, domes- tiques et étrangers. » L'orateur ne s'exprimait pas avec moins de sévérité sur le peu de cas qui avait été fait des remontrances présentées par les Etats de 1576, remontrances qui ne furent examinées que trois ou quatre ans après leur remise, et dont l'adop- tion détermina des ordonnances à l'observation desquelles on n'a point eu d'égard. « Ce n'est point, ajoutait Bernard, la façon qu'il faut user des lois... les ordonnances, quelque bonnes qu'elles soient, se perdent de la mémoire des sujets, sont souvent à mépris, si elles ne sont conservées par les commandements des rois, autorisées de leur puissance, sui- vies et pratiquées d'un prompt et continuel exercice. » Enfin, il se plaignait avec la même liberté des violences faites aux magistrats des cours souveraines pour la vérification des édits, dont plusieurs n'avaient été enregistrés que sur des comman- dements plusieurs fois réitérés, et proclamait à cette occasion « qu'aux édits justes et bons, les commandements du prince souverain ne sont jamais nécessaires. » Bernard rappela, en finissant, les recherches exercées contre les officiers prévari- cateurs sous le règne du roi Jean. Cette allusion quelque peu menaçante était adoucie par la promesse que les députés aux- quels un semblable devoir était imposé se montreraient plus modérés et plus retenus que leurs pères.... Le roi accueillit bien cette harangue, déclara hautement que l'orateur « lui avait dit ses vérités sans l'offenser, et