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BIBLIOGRAPHIE. 405 Les Romains reçurent des Grecs, en l'an 2 9 4 , avant Jésus-Christ, le culte d'Esculape. Ils lui bâtirent, dans l'île du Tibre, un temple très accrédité. Lorsqu'ils eurent étendu leurs conquêtes, ils empruntèrent à l'Egypte ses dieux, et poussèrent la superstition jusqu'à adorer les maladies, dans le but de s'en préserver. Après avoir tracé cet exposé rapide, M . le docteur Gauthier examine l'opinion de ceux qui soutiennent que les prêtres anciens exerçaient la mé- decine à l'aide du magnétisme et du somnambulisme. Lors de la découverte du somnambulisme, par le marquis de Puységur, plusieurs écrivains prétendirent que cet état était connu des anciens, sous le nom d'incubation. C'est là l'opinion que M. Gauthier entreprend de réfuter. Les malades, qui passaient la nuit dans les temples, ne parlaient point, et n'étaient point interrogés pendant leur sommeil ; au contraire, c'est lorsqu'ils dorment qu'on interroge les somnambules^ Ceux qui pra- tiquaient l'incubation se souvenaient fort bien de leurs songes, tandis que l'oubli au réveil est un caractère constant du somnambulisme. Les malades d'Esculape éprouvaient un sommeil naturel, seulement pendant la nuit ; le somnambulisme peut être provoqué à toute heure du jour. Les prêtres eux- mêmes n'étaient pas somnambules, puisqu'ils se rappelaient leurs rêves. On s'est appuyé sur l'orateur Aristide, qui, plusieurs fois, fut dans un état ex- tatique ; mais un m a l a d e , atteint d'hypocondrie, ne peut-il pas avoir des hallucinations ? On veut que les prêtres païens aient soigneusement gardé le secret du somnambulisme, et l'on prétend aussi que les hérésiarques l'employaient ; que penser d'un secret qui serait connu des plus mortels ennemis de ceux qui l'exploitent ? On a dit que les prêtres faisaient usage des frictions pour exciter les songes chez leurs malades ; mais ces frictions n'étaient que des moyens de guérison nécessaires, et différaient beaucoup des passes magnétiques. Les auteurs qui ont écrit sur le magnétisme, avouent que, sur cent personnes, cinq, tout au plus, sont somnambules ; au contraire, presque tous les malades d'Esculape éprouvaient des songes. Si l'on vou- lait trouver dans l'antiquité quelques traces du magnétisme, elles se ren" contreraient bien mieux dans les extases de la Pythie, qui rendait ses oracles à Delphes. Les partisans du somnambulisme ont aussi prétendu que les prêtres chrétiens avaient continué les cures magnétiques ; ils ont dit que les ma- lades passaient la nuit dans les églises, pour y recevoir des songes. Mais cette assertion est dénuée de tout fondement : les malades allaient dans les églises dans le but d'obtenir leur guérison , mais c'était pour y prier et non pour y dormir. D'après les faits qui précèdent, le docteur Gauthier se croit fondé à affirmer