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330 CORRESPONDANCE. très ami de la vérité. M. Cousin reconnaît formellement que « Pascal, dans ses Provinciales, a défendu contre les Jésuites et contre Rome elle-même, une er- reur manifeste, la doctrine janséniste (des Pensées de Pascal, avant-propos, pag. 19). » Quand on a défendu dans tout un livre une erreur manifeste, on n'est guère admis à être cru sur parole. Les bornes de la Revue ne nous permettent pas d'entrer dans de plus amples explications. Il nous reste un dernier mot à dire à M . Nicolas. M M . Collombet et Grégoire ont publié une traduction des Hymnes de Syné- sius, évèque de Ptolémaïs an I V e siècle. Dans la première édition de ce livre, ces Messieurs placèrent en tête une courte notice empruntée aux Mélanges de M . Villemaiu, et adoptèrent la traduction d'une hymne traduite par le même auteur. Son nom figurait dans le titre pour la notice, et l'on y revenait encore dans la préface. A une seconde édition, la Notice sur Synésius fut remplacée par un long travail de M . Collombet. Maintenant, que fait M. Nicolas ? il sup- pose, ce qui est de toute fausseté, que M . Villemain avait en partie traduit Synésius, et là dessus, parce que M M . Grégoire et Collombet avaient mis en tête de leur livre quinte payes de M . Villemain, parce qu'ils avaient adopté la version de la seule hymne que M . Tillemain eût traduite, voici un ami de la vérité qui vient prononcer les mots de plagiaires et de pirates ! Ou bien M . le professeur ignore la valeur des mots qu'il emploie, ou bien il calomnie brutalement. Un pirorc, un plagiaire, ce n'est pas celui qui s'approprie quelques pages d'un écrivain, et qui lui en renvoie la gloire et l'honneur. Comment un pro- fesseur de rhétorique ne sait-il pas ce que veut dire deux mots si vulgaires et si connus? Mais s'il le sait, mais s'il n'y a pas oubli et distraction, M. Nicolas songe-t-il bien à ce qu'il fait, à l'odieuse calomnie qu'il intente? Pèse-t-il bien la conduite d'un instituteur de la jeunesse qui imprime et répand dans le public un pareil mensonge ? M. Nicolas finit par nous rappeler les noms de Fréron, de Desfontaines, de Nonotte. Et après c e l a ? — F r é r o n eut le courage de tenir tète à l'impure idole du X V I I I e siècle; il n'y a pas longtemps qu'un critique des Débats réhabilitait pompeusement Fréron dans la Revue de Paris. C'est bien quelque chose que d'avoir bravé les insultes et le courroux de Voltaire. Quant à l'abbé Desfontaines, il avait de la littérature. Nonotte fut loin d'être un homme de génie, mais peut-être vaut-il mieux, en morale, n'avoir pas reçu le nom su- blime qui fut dévolu à Voltaire, que de s'être souillé par les infamies de la Pucelle. M . Villemain est-il un puissant génie dont M. Collombet serait le Zoïle ou le Fréron? C'est assurément ce que signifie l'appel fait à ces trois noms de critiques ? On veut dire aussi que l'opuscule dirigé contre M. Villemain n'est qu'un trait sans force qui est allé mourir contre la cuirasse du héros. M . Collombet se résigne bien d'avance à l'oubli cpi'on lui présage par analo- gie ; mais si son opuscule est non avenue, que sera-ce, bon Dieu, de la réfu- tation d'une réfutation ?