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LE    V E R A SOIE, POÈME EN DEUX CHANTS, DE MARC-JÉROME VIDA, TRADUIT EN

     VERS FRANÇAIS, AVEC LE TEXTE EN REGARD, PAR M M . MATTHIEU BONAFOUS,

     DE L'INSTITUT DEFRANCE. Paris, BOUCHARD-HUZARD, 1 8 4 4 . in-S°, 2 e édition.


     Au V I e siècle, sous l'empereur Justinien, deux pauvres moines, revenant
de leur longue odyssée, apportaient au monde occidental un faible animal-
cule, qui avait fait la richesse des vêtements asiatiques, et qui devait, après
des siècles d'essai, orner aussi bien la jeune villageoise que la grande dame
des cités, ou que la fille des rois. Le ver à soie, le bombyx venait du
merveilleux pays des Sères, dont on ignore même aujourd'hui la position géo-
graphique. Les Sères ne vivent plus que dans les fictions des poètes, et leurs
successeurs véritables, ce sont les Lyonnais, artisans industrieux de splendides
étoffes qui voyagent dans le monde entier, et y vont porter la gloire de nos
riches fabricants, la renommée de nos habiles ouvriers.
     Quoique l'industrie des soies n'eût pas encore, au siècle de Léon X , la
majeure partie de l'extension qu'elle a prise, le bombyx n'en était pas moins
déjà chanté par les poètes, dans la langue de Tasse, comme dans celle de Vir-
gile. Avant Jérôme Vida, Louis Lazzarelli, mort à la fin du X V e siècle, puis
Giustolo,l'historiographe et le panégyriste de César Borgia, fit paraître un poème
moins étendu, dans lequel, entre autres idées extraordinaires qui se mêlaient
à d'utiles préceptes, l'auteur émet celle d'une grande influence que la mu-
sique instrumentale pourrait exercer sur le ver à soie. Jérôme Vida ne
donne pas le même conseil, et prescrit, au contraire, l'éloignement de tout
bruit. Il repousse « le son rauque du cor, les éclats perçants de la trompette,
le retentissement du tambour et les cris de la folâtre jeunesse. »
     Le poète de Crémone fut aisément vainqueur de ses devanciers; il avait
une imagination riche et ornée, une mémoire fournie et savait son antiquit é.
Adorateur de Virgile, il le possédait à fond et l'imitait avec autant de bon-
eur et d'adresse qu'il puisse être donné à un homme d'en imiter un autre.