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                           DE SAINT 1RÉNÉE.                              H9

généreux néophytes. Au milieu des coups redoublés de la per-
sécution, ïertullien disait d'une voix triomphale que le sang
des martyrs était la semence d'autres martyrs, semen est
sanguis martyrum; cela fut profondément vrai pour la jeune
communauté de Lugdtinum. La doctrine de Jésus-Christ allait
prendre au sein du paganisme ces âmes d'élite qui devaient
trouver la vérité, parce qu'elles en avaient l'amour au fond
du cœur. Nous avons au Musée lapidaire de noire ville un
précieux monument qui peut dater de la fin du second siècle,
ou du commencement du troisième, et qui constate le p h é -
nomène religieux dont nous parlons. Il s'agit d'une jeune
femme morte à vingt-cinq ans, quatre mois et cinq jours.
Cerialius Callislio, époux de Suthia Anlhis, lui élevant un
cippe funéraire, écrivait sur sa tombe que, pour avoir été
trop pieuse, elle était devenue impie, (que dum nimia pia
fuit, facla est inpia). Deux antiquaires auxquels on peut
bien s'en rapporter, le P. de Colonia et M. l'abbé H. Greppo,
ne doutent point qu'il ne s'agisse d'une chrétienne; M. Greppo
en a même fait l'objet d'une dissertation spéciale (1), dans
laquelle il le prouve avec toute évidence. Nous regrettons
que l'auteur de YHistoire de saint Irénêe, en citant le P. de
Colonia, dans les pièces additionnelles, ne se soit pas souvenu
du savant opuscule de M. l'abbé Greppo.

   Il n'est guère d'église au inonde qui ait pu avoir un anna-
liste aussi louchant que celui auquel nous devons l'histoire
de nos premiers martyrs. Toujours celte admirable lellre
qu'Eusèbe de Césarée nous a transmise, et qui raconte
avec une si religieuse franchise, une ardeur si p é n é t r é e ,
les combats par lesquels passèrent les héros chrétiens de
Lyon, a eu le privilège d'émouvoir profondément ceux qui
ont pu la lire. C'est par ce vénérable et sublime monument


   (1) Lettre à M. le docteur Labus, sur une inscription funéraire du Musée de
Lyon, qui paraît avoir appartenu ù une femme chétienne; Lyon, B:irret, 1838,
in-8° de 48 p . , avec une lithographie reproduisant l'inscription.