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CÔME, LE LAC ET SES BORDS. 119 vissants, au milieu de jeunes femmes parées et rieuses, ce vieux serpent caché parmi les fleurs, je reposai ma vue sur les belles rives émaillées de villa. Voici la Pliniane, séjour des deux Pline, qui n'a plus rien d'antique que le nom, la cascade sans doute et la fontaine haletante décrite par ces anciens auteurs. Parmi toutes ces maisons de campagne, éternelle- ment riantes, j'aime la Pliniane, parce qu'elle ne rit pas comme les autres ; je l'aime pour ses sombres ombrages et sa grave majesté. Le vieux château a, dit-on, été bâti par Jean Anguissola, un des assassins de Pierre-Louis Farnèse, tyran de Plaisance. Ce souvenir de meurtre, les grandes ombres de l'antiquité, le torrent écumeux qui tombe dans le lac, la sombre verdure des bois de hêtres et de cyprès : tout tourne dans ce lieu à la mélancolique rêverie. Toutefois le prince ita- lien, qui en est le propriétaire actuel, n'en fait pas, dit-on, un séjour trop austère.... Une autre villa qui porte, celle-là , un nom tout moderne , cher encore au public el à l'art, c'est celle de madame Pasta. Lasse, de bonne heure, des horizons scèniques, des lacs en toile peinte, de l'atmosphère huileuse et fumeuse des théâ- tres, cette artiste est venue chercher là un horizon pur, des eaux réelles et l'oubli des intrigues de coulisse. Elle a été prise de bonne heure d'un dégoût philosophique; et après avoir chanté à peine tout l'été, elle a su se faire une douce retraite, avant que la bise fut venue. Cette chanteuse, c'est un sage ! Eh! mais, à vrai dire, ces lieux donneraient des idées de retraite et de fixité aux plus légères, aux plus fugaces artistes de ce monde ! Ne voilà -t-il pas que M"c ïaglioni va encore s'abattre sur ces bords ! Elle vient d'y choisir une bonne villa, bien abritée contre les vents, de peur sans doute qu'un souffle ne l'emporte de nouveau. Elle veut prendre terre, celle-là aussi, qui dédaignait si profondément la terre qu'elle ne la