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                           A BODHGOIN.                          21
   d'y rendre mon séjour de quelque utilité aux progrès de ia
  botanique; je ne suis pas un Tournefort ni un Jussieu, mais
  je me livrerais tout entier à ce travail, par plaisir, et jusqu'à
  la mort      »
      Avec des sentiments d'orgueil , d'amour-propre exagéré
  comme ceux de Rousseau, de tels aveux qu'il se voyait à cha-
  que instant obligé de renouveler, devaient coûter immensé-
  ment ; on le voit, du reste, par cette phrase qui revient pres-
  que dans chacune de ses lettres écrites de Bourgoin : « Dans
 l'état où l'on m'a réduit, je puis être franc impunément, je
 n'en deviendrai pas plus misérable...»
     Pressé de se retirer dans le midi, dont le climat serait fa-
 vorable à sa santé, ayant à sa disposition le château de Lava-
 gnac, où il pourra vivre seul, tranquille, d'où il lui sera facile
 de venir à son gré à Montpellier, visiter les professeur Venel
 et Gouan qu'il estime et dont il est aimé, il refuse opiniâtre-
 ment, croyant voir dans ces propositions généreuses de nou-
 veaux pièges tendus par ses persécuteurs, ou de nouvelles
 occasions d'insulte.
     Cependant il arrêta de repasser en Angleterre, de se ren-
 dre à Wootton, son ancienne habitation, pour y finir ses jours
 dans la solitude. Au mois de novembre, il reçut du duc de
 Choiseul, alors premier ministre, le passeport qu'il avait de-
 mandé pour retourner dans cet exil volontaire ; mais la misère,
la rigueur delà saison, des difficultés auxquelles il ne s'étai
pas attendu, les retards mis par l'ambassadeur d'Angleterre
dans sa réponse, firent encore abandonner ce projet, comme
tant d'autres. Il s'adressa de rechef au prince de Conti pour ren-
trer chez lui ; il n'obtint pas d'autorisation immédiate ; dès
lors, il se figura que toutes ses lettres étaient interceptées,
décachetées et lues aussi bien que celles qu'on lui adressait ;
il recommanda à tous ceux qui lui écrivaient de ne le faire
que par duplicata ou d'une façon détournée, d'employer l'in-