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A BOtïUGOlN. i i seau, dans un pays, se créait immédiatement des relations avec les bommes instruits qui s'y rencontraient. Déjà , quelques jours après son arrivée, il avait établi des rapports avec quelques anciennes connaissances ; il en avait fait de nouvelles : il s'était lié avec l'illustre La Tourrelte, qu'il appelait un botaniste aussi savant qu'aimable, avec le célèbre abbé Rozier, avec le docteur Gilibert, avec l'abbé de Grangeblanche, qu'il ne plaçait point sur la môme l i - gne que les premiers, puisqu'il était, à son avis, plus zélé pour la science que véritablement insiruii. Ensemble, ils firent une excursion à la Grande-Chartreuse en Dauphiné, « et c'était là , écrivait-il encore, une belle et bonne compagnie botaniste. » Celle compagnie, après quelques jours d'éludé, revint à Lyon, tandis que lui, il se dirigea sur Grenoble, voulant aller à Ghambéry, visiter le tombeau de sa mère (c'est ainsi qu'il appelait Mme de Warens), pleurer sur sa ceudre de lui avoir survécu. Mais, suivant ses propres expressions, il ne put tromper l'œil vigilant de la malveillance, il fut ar- rêté à la frontière, ne passa point en Savoie comme l'avance la Biographie universelle de Michaud ; il revint sur ses pas, et pour se soustraire aux satellites flagorneurs et fourbes dont on V entourait, ayant, depuis quelque temps, quitté le nom de Rousseau pour celui de Renou, il s'établit provisoirement en- tre Lyon et Grenoble, dans la petite ville de Bourgoin. Le 8 août 1768, il descendit à l'auberge de la Fontaine d'Or. J'ai visité souvent, dans mon enfance, l'asile plus que m o - deste qu'il avait choisi, la chambre où il habita, où furent crayonnées sur la muraille ces maximes devenues pour lui la source de tant de persécutions ; elles étaient intitulées: « Sen- timents du public sur mon compte, dans les divers états qui le composent; la modestie de l'auteur n'est point la vertu qui frappe à leur lecture, on peut en juger par les citations sui- vantes :