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peu de prise sur le roc pour nous y tenir à l'aise, mais nous
dûmes prendre de sérieuses précautions pour n'être pas
« dérochés » par les chutes de bloc qu'on occasionne.
   Le sommet peu large du Pic de Neige Cordier
(3,615 mètres), n'offre aucune plateforme. C'est une crête
ruinée, horizontale, dont les points les plus élevés, aux
extrémités, sont éloignés de dix minutes l'un de l'autre,
c'est-à-dire de quelques mètres. Un vent d'ouest, très fort,
nous oblige à la traverser sur les genoux.
   Nous nous calons dans des anfractuosités du versant
sud, sans nous détacher, et là, ouvrant les sacs aux provi-
sions, nous les allégeons pour la quatrième fois. Il est
dix heures et demie, nous avons mis cinq heures environ
depuis le refuge Tuckett.
   Pendant une heure, bien abrités, nous nous chauffons
au soleil, comme des lézards sur un vieux mur, et contem-
plons, par des trouées dans les nuages, la Roche-Méane,
la Grande-Ruine, toute la chaîne des Ecrins, les Pics de
Neige du Lautaret, et, au fond, le massif de la Meije. A nos
pieds, le Glacier Blanc nous aveugle de sa réverbération et
semble nous attirer par ces horribles couloirs de pierre qui
donnent le frisson.
   Nous pensions encore que nous avions fait là une course
première, l'ascension du Pic de Neige Cordier par l'arête est.
Nouvelle erreur de notre part. Cette course avait été faite
une fois, le 24 juillet 1887, par M. G. Engelbach.
   Nous redescendons par la route ordinaire du versant
ouest, pente de neige facile qui nous met en un quart
d'heure sur le col Emile Pic ou col de la Plate-des-Agneaux
(altitude 3,502 mètres.)
   Il nous faut ensuite une bonne heure pour arrivera la
source de la Romanche parle mauvais glacier des Agneaux,