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3^4                  L'IMPRIMERIE A LYON

 Depuis le doux Erasme jusqu'à Calvin, ses contemporains
sont unanimes à le déclarer mauvais et méchant.
   Il avait tué dans une rixe un malheureux peintre du nom
de Compaing, et grâce à de hautes protections il échappa
pendant quelque temps à la justice.
   Ayant fait entrer en France des livres prohibés, il fut
arrêté et conduit à la prison de la Conciergerie de Paris,
pour y être jugé par un tribunal ordinaire.
   On renouvela l'accusation d'assassinat, et un texte plus
qu'ambigu de la traduction d'un dialogue de Platon, servit
de base à une accusation d'athéisme qu'on se plut à grossir
pour amener sa perte. Puis on profita d'une absence du roi
François Ier qui le protégeait, pour le conduire au supplice.
   Aucun prêtre, ni moine, ne siégea parmi ses juges, et
l'Inquisition ne fut pour rien dans cette affaire.
   Il ne faut voir dans l'issue de son procès que la triste con-
séquence des haines particulières qu'il s'était attirées, et
Dolet ne fut pas victime de l'intolérance religieuse comme
on l'a dit si souvent.
   Il n'était pas protestant, et on trouve dans ses œuvres de
violentes invectives à l'égard des réformateurs.
   Il protesta jusqu'à la fin contre l'accusation d'athéisme
et composa dans sa prison deux cantiques qui dénotent une
foi sincère.
   Au rebours d'autres malheureux 'qui, comme Servet et
Vanini, même devant la mort, ne se sont point départis de
leurs erreurs, Dolet gravit les marches du bûcher en se
recommandant à Dieu et en implorant sa miséricorde.
   De 1538 à 1546, il fut l'auteur ou l'éditeur de plus de
soixante volumes ou opuscules. Tous se font remarquer,
comme je l'ai dit, par le goût exquis qui présida à leur
impression. Les lettres ornées sont particulièrement remar-