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                    LOUIS XIII ET RICHELIEU              28l
 peut-être moins intelligente et certainement moins docile.
   « Les changemens de la reyne viennent de son naturel,
 à mon advis, qui de soy-mesme est ombrageux, et qui,
ferme et résolu aux grandes affaires, se blesse aisément pour
peu de chose, ce qu'on ne peult esviter, parce qu'il est
impossible de prévoir ses désirs : joint que souvent les
considérations d'Estat requièrent qu'on passe par dessus la
passion des princes (10). »
   Mais la meilleure manière pour Richelieu d'obliger le roi
et la reine à faire leur examen de conscience, c'est de prier
le roi de le faire faire à son ministre : « Après cela je
supplie Sa Majesté de me dire ce dont il veut que je me
corrige, affinque je puisse estre plus à son gré ( n ) . »
   Cette manière d'agir de Richelieu n'aurait-elle pas été la
principale cause de son influence sur le roi ? Louis XIII,
pensant pour ainsi dire avec Richelieu, finissait sans doute
par croire que les idées que lui suggérait son ministre
n'étaient autres que les siennes propres, et il les soutenait
comme telles ; il n'avait d'ailleurs que vingt-huit ans.
   La campagne d'Italie, qui eut lieu deux mois après, va
nous montrer maintenant l'extrême sollicitude que le royal
pénitent causait à son directeur de conscience.




  (10) là.   202.
  (u)Jd.     200.