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266 « MIRABEAU » « assemblées, et laissa les sénéchaussées d'Aix et de Mar- « seille se disputer ce terrible élu. Ainsi finit, dans un « délire de joie et de fureurs populaires, au milieu des « illuminations, des feux d'artifice, des cavalcades, des « aubades, des farandoles et des émeutes, la campagne c triomphale qui, de cet aristocrate déclassé, faisait un « tribun du peuple, le plus grand orateur de la révolution « et de son plus sage politique. » Toute la suite du volume est consacrée à cet orateur et à ce politique : « Politique..., il l'était jusque dans les « moelles ; politique de sang et de race, comme son père et « tous les siens. Si quelque chose devait nous faire croire « aux aïeux florentins dont ils se sont vantés, ce serait « leur ressemblance avec les grands Italiens que l'Italie a « prêtés à la France : Les Médicis, les Gondi, les Mazarin, « les Bonaparte. Le dernier Mirabeau a leur souplesse, « leur audace, leur activité prodigieuse, leur mépris absolu « des hommes ; et, avec cette conscience commode qui se « plie sans effort à tous les hasards, cette physionomie « changeante qui se prête d'elle-même à tous les rôles. « Comediante ! disait le pape au plus grand d'entre eux... » On le voit, M. Rousse n'est jamais dupe de ses admi- rations ; avec l'expérience d'un maître exercé et le tact d'un artiste, il démêle dans cette éloquence la part du génie et la part du procédé ; il nous fournit sur cette distinction les remarques les plus curieuses et les plus instructives. Il croit que Mirabeau eut la volonté très sincère et très per- sévérante de sauver la monarchie en la rendant constitu- tionnelle et populaire ; parlant à ce propos des négociations secrètes engagées avec la Cour par l'entremise du comte de Lamarck, il défend le tribun prodigue et besogneux contre le reproche de vénalité au sens véritablement