page suivante »
K 264 MIRABEAU » « chef d'emploi, le décorateur et le machiniste ». — A « dix-sept ans il se couvre de gloire en déclamant un mor- « ceau de sa façon, un parallèle entre le Grand Condé et « Scipion l'Africain ! » on l'envoie ensuite à Saintes, au régiment de Berri-cavalerie, on l'appelle M. de Pierre- Buffières ; « c'est sous ce nom sonore que le petit gen- « tilhomme « ira dans le monde », comme on disait dans « ce temps- là . » M. Rousse nous donne alors le récit académiquement voilé, mais spirituel et charmant, des folies qui ont agité la jeunesse du futur tribun ; quelques-unes de ces folies furent odieuses et ont pesé plus tard sur sa carrière politique. Il nous rappelle les dures persécutions du marquis, « Y Ami « des hommes qui, suivant la juste remarque de son terrible « fils, n'était celui ni de sa femme ni de ses enfants » ; la liaison avec la marquise de Monnier, l'héroïne des Lettres à Sophie ; la fuite en Hollande ; l'extradition sur la plainte paternelle ; la longue captivité à Vincennes ; les études ardentes par lesquelles le prisonnier trompe son ennui et prépare à son insu sa puissance tribunitienne ; la libération subite en vertu d'un caprice de son père, et tout aussitôt le procès retentissant en séparation de corps devant le Par- lement d'Aix. C'est de ce débat, nous dit M. Rousse, bon juge en ces matières, qu'il nous reste « le souvenir d'un plaidoyer « magnifique qui, malgré de lourdes fautes égale, à mon « sens, les plus beaux modèles. » En dépit de sa plaidoirie, Mirabeau perdit son procès centre sa femme, et ce fut justice, « mais les applaudisse- nt ments de la foule avaient d'avance vengé l'artiste de la « défaite du plaideur. » Six années plus tard cette foule enthousiaste devait