page suivante »
« MIRABEAU » 259 vigneron ou jardinier comme au temps de Pasquier et de Loisel. Chacun sait que les Directeurs de la maison Hachette ont demandé aux plus brillants ou aux plus érudits de nos auteurs contemporains une série d'études concises, mais originales et vraiment littéraires « sur les grands écrivains français ». C'est une bonne fortune de rencontrer dans une telle galerie le portrait de Mirabeau, confié à la main de M. Rousse. Pour quelques-uns c'est retrouver les admi- rations de leur jeunesse, c'est revivre ces années de l'Empire « où la parole avait subi quelque disgrâce », alors que « la « Préface aux plaidoyers et discours de M. Chaix d'Est- « Ange » était le livre de chevet des stagiaires de Paris et de la Province ; quand sur toutes ces lèvres inexpéri- mentées et frémissantes de l'amour du beau langage se pressaient les citations de cette prose harmonieuse d'une perfection si haute et si simple, tour à tour spirituelle, émue, éloquente, prêtant à toutes les idées, aux plus nobles comme aux plus familières, la correction et la clarté de la forme classique avec un mouvement, un relief et un coloris qui sont bien de notre temps. Habitué à juger les orateurs et les révolutions, M. Rousse avait compétence pour traiter son sujet. Il se défend d'avoir voulu « faire tenir dans deux cents pages tout Mirabeau »; il renvoie aux travaux si complets de MM. Louis et Charles de Loménie, aux articles si profonds, si suggestifs de Sainte-Beuve, à d'autres documents encore qui ne laissent plus rien ignorer du grand tribun. C'est ce volumineux dossier que M. Rousse a pris soin de débrouiller pour ses lecteurs ; il leur en présente toutes les pièces digues d'attention mises dans le plus bel ordre, exposées sous la plus vive lumière ; il leur montre les événements importants