page suivante »
170 CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS les usages de l'ancien régime, tombé avec la royauté, au 15 juillet 1789. Parmi les nombreuses causes qui amenèrent cet affreux débordement, il faut joindre en grande partie au désir de se voir délivrer des coutumes féodales la grande disette qui vint éprouver la France à cette époque. Le peuple voyant le pain lui manquer sentit se réveiller ses instincts de pillage et de cruauté envers tous ceux qui possédaient. Il faut lire dans l'ouvrage si intéressant de M. Taine (16), les maux enfantés par cette disette de 1789. Des bandes de brigands, armés comme au temps des Tard-Venus et des Écorcheurs parcourent les campagnes et jettent partout la terreur. Aussitôt chaque commune s'arme, organise sa garde nationale ; la première chose que fait le paysan, c'est d'acheter un fusil, car de tous côtés on entend les récits de violences inouies, de maisons, de châ- teaux, pillés et incendiés, car partout les gens sans aveu et d'une férocité brutale ont pris la tête de l'insurrection, terrorisant les honnêtes gens. Une rage envieuse et insensée contre tous ceux qui possèdent et qui commandent, pousse ces masses aux plus grands excès, et à détruire les choses même les plus essentielles à la vie. Partout c'est la guerre farouche, atroce, contre l'élite de la société ; on chasse de leurs monastères religieux et religieuses qui ne désiraient que vivre et mourir à l'abri de ces murailles saintes et l'on saccage leurs demeures. Parmi ces communautés plusieurs centaines sont des maisons d'éducation primaire et gratuite pour les enfants du peuple, et plus de quatorze mille sœurs hospitalières desservaient les hôpitaux et autres maisons de secours. (16) H. Taine. Origines de h France contemporaine.