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I46 NOTES DE L'ABBÉ KANCHON regret du royaume. Quoique l'année 1765 ait été très pluvieuse, la récolte en vin a été assez considérable, et les vins, quoique d'une petite qualité, se vendent 9 livres l'ânée. Les bleds n'ont point été abondants, et l'Espagne et l'Italie n'ayant eu que peu de bled en ont tiré de France, ce qui les a fait augmenter à tel point qu'à ce jour, 20 jan- vier 1766, le bichet vaut 5 livres 20 sols la première qualité et 5 livres la moindre. J'observerai que depuis la fête de Noël dernier, le froid a été si violent et l'est encore à ce jour, 20 janvier, qu'on ne peut plus trouver de la farine parce que les rivières sont gelées. On compare cet hiver, ou plutôt ce mois de janvier, à l'année 1709 (1). Les soies étant fort chères dans Lion, les ouvriers sont réduits à ne rien faire et par conséquent à la misère, ce qui fait que les vins n'ont pas grand débit. Il est mort quantité d'enfants en 1765 de la petite vérole, mais il n'y a pas eu de maladie dans les grandes personnes. Quoique la France n'ait point de guerres, les impôts néanmoins subsistent à l'ordinaire, les tailles sont considérables et les habitants périssent chaque jour, les bourgeois acquérant les meilleurs fonds. J'observe encore que Vienne, Mâcon, Lyon et autres diocèses ont permis de faire gras pendant tout le carême, savoir : le dimanche, le lundi, le mardi de chaque semaine, parce qu'il n'y a point d'herbage et que le poisson est péri en partie dans les étangs. (1) Le chiffre élevé des décès qui survinrent aux deux époques dont parle l'abbé Ranchon, en marque bien l'extraordinaire souffrance. Alors que la moyenne des décès à Saint-Cyr était de 45 par an, environ, on en comptait 69 en 1709, 72 en 1710 et 80 en 1765. Ces chiffres ne représentent pas cependant le maximum de mortalité, puisqu'en 1718 on enregistre 89 décès et 87 en 1743. (Voir les registres paroissiaux à la mairie de Saint-Cyr.)