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62                           BIBLIOGRAPHIE

le force à reconnaître, s'il est de bonne foi, la légitimité du surnaturel,
la divinité du Christ, la véridicité et l'authenticité de ses historiens. Le
caractère et le but des quatre Évangiles sont dessinés avec une vigueur
et une netteté que personne n'avait encore égalées.
    Mais ce souffle impétueux, qui emporte l'écrivain, dès les premières
pages, se tempère et ne lui maintient pas cette allure triomphante dans
le corps de l'ouvrage. Il y a dans certaines parties une absence de
liaison et de chronologie que l'auteur aurait pu, ce semble, atténuer,
s'il s'était seulement servi des remarquables études de l'abbé Dehaut sur
l'Évangile, dont il reproduit d'ailleurs presque fidèlement la table synop-
tique. Le commentaire du texte sacré est quelquefois surabondant, et
çà et là, d'une sécheresse et d'une pauvreté qui étonnent.
   Toute la période du ministère public du Sauveur est racontée, sans
que l'auteur ait cherché, en dehors de ses trois grandes divisions, à
coordonner les faits intermédiaires, à leur assigner une date et un lieu,
qu'il est possible d'établir d'une manière certaine, d'après le contexte
des synoptiques et leurs allusions à des événements contemporains. Le
cadre chronologique et topographique, où Jésus multiplie les ensei-
gnements et les miracles, n'a pas dans ses lignes la précision que les
conclusions de l'exégèse moderne permettent de lui tracer. Ainsi, il
laisse flotter la naissance du Sauveur entre les années 748 et 751 de
Rome. Pourquoi ne pas la fixer, comme d'autres historiens l'ont fait,
avec preuves à l'appui, au 25 décembre de l'année 749 ? Comme Jésus
est mort le 7 avril ou 15 Nisan de l'an 783, nous saurions qu'il était
dans la trente-quatrième année de sa vie.
   Cette hésitation de l'écrivain n'est pas constante, et, sur d'autres
points, il se range carrément du côté de la tradition la plus autorisée.
Il n'hésite pas à affirmer qu'au moment de l'Annonciation, Marie et
Joseph étaient seulement fiancés, comme cela ressort des textes 18 et 20
du chapitre I de saint Mathieu, et qu'ils furent mariés après la visite de
la fille de Joachim à Elisabeth, à son retour à Nazareth. Il n'hésite pas
davantage à placer la naissance de Jean à Aïn-Karim, fidèle en ce point
à la tradition, qu'attestait au douzième siècle l'igoumène Daniel et,
avant lui, les moines de Mar Sabas, et que soutiennent avec raison de
nos jours V. Guérin et Fr. Liévin, contrairement aux hypothèses de
ceux qui placent arbitrairement la demeure de Zacharie à Hébron ou à
Juttâ.
  Je reconnais dans le P. Didon le pèlerin consciencieux qui a visité