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LE BARON RAVERAT 429 « du temps ; et vous aurez le portrait d'un soldat de l'armée « d'Italie. » Dans ce morceau, le dessinateur se retrouve. Contrairement à une opinion trop accréditée, la plupart des officiers des armées de la République étaient des hommes sortis de la bourgeoisie et de la petite noblesse, ayant reçu une bonne éducation. Aussi notre auteur confesse-t-il que le manque d'instruction fut un des obstacles que rencontra son père, pour parvenir aux grades supérieurs. « J'aime les soldats qui donnent de bons coups de sabre, lui dit Bona- parte, en 1797, mais j'aime aussi ceux qui savent rédiger un rapport. » Raverat sut mettre à profit les rares loisirs que laissait alors le métier de soldat. Devenu officier, il s'était si bien façonné à son nouveau milieu, que l'intendant d'un château, en Pologne, où le nouveau lieutenant se trouvait logé, ne voulut jamais croire qu'il avait affaire à un officier de fortune. Il était persuadé que celui-ci, en refusant de répondre à un billet en latin, s'était moqué de lui. ** L'appétit vient en mangeant. Le succès de ce premier ouvrage avait mis l'auteur en appétit d'écrire. Les recherches qu'il avait faites, de nombreuses allées et venues dans la région, et, avec cela, un commencement d'aisance lui don- nant un peu plus de liberté, toutes ces causes réunies aboutirent à son second ouvrage A Travers le Dauphiné. Grenoble, 1861. Ce livre est une note presque unique dans l'œuvre du baron. La manie descriptive qui encombrera Autour de Lyon, les longueurs archéologiques qui alourdiront ses opuscules et ses mémoires, tout cela est absent ; çà et là quelques mots