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432                 LE BARON RAVERAT

dans des livres peu connus du grand public. En cela, il était
de bonne foi : le touriste qui découvre une bonne auberge
se figure volontiers que personne ne la connaissait avant
lui.
   La défense de l'étymoîogie de Lugdunum, ville des
lagunes, qu'il avait empruntée à Eloi Johanneau, fut, de sa
part, l'objet de luttes incessantes. Il n'est même pas bien
sûr que les sarcasmes dont l'abreuvèrent les partisans de
Lugdunum, ville des corbeaux, n'aient pas abrégé son exis-
tence. Le baron se vengeait, en les appelant : planirostres,
becs de canards.
   Comme tout bon archéologue [lyonnais, il avait cherché
la place de l'amphithéâtre et ne l'avait point trouvée. La
question des aqueducs l'avait également passionné. Il ne
prétendait pas précisément les avoir découverts, mais il
mettait à leur actif une foule de choses nouvelles. Quelques
jours avant sa mort, il déposait sous pli cacheté, aux mains
du président de la Société littéraire un plan rectificatif du
tracé de l'aqueduc du Mont-d'Or. Ce plan aura été sa der-
nière pensée.
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  Très affable, d'une affabilité qui avait un parfum d'ancien
régime, toujours très aimable avec les dames, repré-
sentant admirablement, c'était un charmant causeur. Sa
conversation valait certainement mieux que ses ouvrages.
  Très laborieux, et s'entendant à merveille à placer lui-
même ses livres auprès des amateurs, il avait conquis une
certaine aisance, grâce à son travail et à son esprit d'éco-
nomie. Ses plus grandes dépenses furent ses excursions.
   Son intérieur était simple ; sa chambre était ornée de