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no            CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS

Saint-Vincent-d'Agny et de Chaussan. Il incendia les cures
de Sain-Bel et d'Amplepuis, et saccagea le prieuré de Thu-
rins (13). Nul n'était assez puissant pour arrêter les exploits
de ces hardis malfaiteurs pour les déloger d'Anse et les
chasser de la région. Parfois de courageux paysans et de
vaillants chevaliers saisissaient quelques-uns de ces misé-
rables attardés dans une orgie ou quelque rapine, et alors
on se vengeait sur eux de tous les maux qu'on avait souf-
ferts. Il ne faut pas s'étonner si le sentiment de justes repré-
sailles a fait inventer les supplices terribles et atroces qui
furent en vigueur au Moyen-Age, et si de nos jours on
traite de barbare cette société qui se défendait, il faut qu'on
sache qu'elle était bien loin du raffinement de cruautés que
ces misérables aventuriers avaient inventées. En effet, dès
qu'ils s'étaient emparé d'un bourg, d'une ferme ou d'un
château, des scènes horribles, que la plume se refuse à tra-
cer, se passaient alors, « on entendait au loin les cris des
femmes et des enfants, dont c'était moult pitié, car ils les
faisoient crier et brailler comme bestes. »
   On était menacé de voir se perpétuer indéfiniment le
 séjour de Seguin dans notre région, si l'on n'avait eu raison
de ce bandit rapace. Le Chapitre de Lyon souffrait particu-
lièrement de cet état de choses, les Tard-Venus occupant
et ruinant le plus riche de leurs domaines. Les chanoines-
comtes cherchèrent donc à recouvrer la ville d'Anse en
offrant une rançon. On négocia longtemps, les exigences
de Badefol étaient exorbitantes. Enfin, on tomba d'accord
à 40,000 écus d'or ou florins. Cette somme était énorme
pour l'époque et le Chapitre eut beaucoup de peine à la
recueillir, ce qui donna encore le temps à Seguin de faire

  (13) Guigue. Tard-Venus, pag. 113.