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» 420 L'HOSPICE DE LA CHARITÉ Mais à quoi bon redire ce qu'ont fait nos pères à des neveux qui jettent leur cendre aux vents? un souffle de mort passe sur notre génération, car elle a peu de souci des ensei- gnements du passé et des leçons de la sagesse antique, elle laisse volontiers périr ses institutions les plus utiles et ses monuments les plus remarquables, pourvu qu'elle ait des restaurateurs et des lieux de plaisirs : panem et circenses. N'est- il pas question de démolir la Charité et de livrer l'emplace- ment à la spéculation, de renvoyer les malheureux, et d'affecter les bâtiments à quelque service administratif, peut- être à une gare de chemin de fer. On trouverait à cela, disent les habiles, je ne sais quelles économies. Ce qui veut dire que l'opération sourit aux manipulateurs d'affaires qui y gagneront le gros lot. Renvoyer les pauvres dont la vue offusque et qui occupent par trop de mètres de terrain à bâtir, cela n'est-il pas tentant ? On remplacera les dortoirs et les infirmeries par des bazars, des grands magasins tenus par des accapareurs de Paris, on vendra, on tuera le petit commerce, les gros capitalistes se frotteront les mains, et les pauvres ! Cela était bon pour nos pères de leur consacrer de pareilles demeures, d'appelerSoufflot et Martel-Ange pour les loger dans ces monuments, nous allons mettre les pauvres à la porte, on leur bâtira n'importe quoi, un peu plus loin, on les égarera dans la banlieue, ils ne méritent pas l'honneur d'être mêlés au monde élégant et au confor- table de la vie moderne qui du reste finirait peut-être par les faire périr d'ennui et de servitudes. Donc cette idée n'est pas nouvelle et l'on en a déjà réa- lisé bien d'autres même à Lyon et l'on ne s'étonne plus de rien en ce genre. L'église si précieuse des Jacobins, n'est- elle pas tombée et détruite ainsi que son beau jardin, malgré ses souvenirs liés à l'histoire de France autant qu'Ã