page suivante »
284 « PAUCA PAUCIS » Pour moi je ne sais rien du monde, rien des lois ; Rien, sinon le néant de ce que je conçois ; Rien, sinon qu'à tâtons je recherche le juste; Rien, sinon que le cœur tressaillant, j'entrevois Dans l'Immense et l'Obscur quelque chose d'auguste. Telle est la limite extrême de l'excursion du poète vers le bouddhisme. Dans le profond et bel article de M. Renouvier, je lis ceci : « Ces expressions de pensée éternelle, de justice, ne sont-elles pas bien faites pour suggérer l'idée même de vie future que M. Clair Tisseur voulait écarter ? » Je cherche vainement à quelle page de son livre l'auteur a tenté d'écarter cette idée de la vie future. Ce que je rencontre au contraire, sans difficulté, c'est l'affirmation de cette idée. La pièce toute grecque des Mendiants se termine ainsi : Enlevés dans les deux, Ils siègent à ses pieds, hôtes aimés des Dieux. Ailleurs : Cette âme sans désirs, sans troubles, est entrée Déjà pour une part au sein de l'Eternel. Ailleurs encore : Pour reposer enfin notre cœur agité, N'aurons-nous pas bientôt toute l'éternité ? Qu'on lise enfin Post, ce morceau superbe que je vou- drais citer ici tout entier. Que signifient donc ces pieux souvenirs dont parle le poète ? D'un bout à l'autre du poème on voit percer l'idée de Réveil.