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                          NOTES SUR LE SALON               213

d'un portrait de femme en pied et debout. Tenter une
pareille oeuvre, c'est aborder une des plus grandes difficultés
de l'art.
   Ce reproche de souvenir inconscient, j'ai aussi à le faire
à une composition intéressante et fort goûtée du public,
que M. Duthoit a intitulée Les Derniers sacrements. Une
barque traverse, de nuit, à la lueur incertaine des étoiles,
une rivière. Une vieille femme en pleurs, la tête cachée
entre ses mains, assise à la proue ; au milieu, le vieux
prêtre, physionomie grave et triste, comme il convient à
celui qui va aider un homme à mourir, l'enfant de chœur,
souriant aux étoiles, portant la croix, puis le marinier,
debout à l'arrière, dirigeant sa barque avec sa gaffe, c'est
là tout l'équipage et toute la scène. Elle est émouvante
parce que l'expression mélancolique cherchée par le pein-
tre, s'en dégage aisément, mais l'ensemble des lignes de
la barque et du paysage, rappelle d'une façon si frap-
pante la célèbre MaTaria d'Hébert, que ce rapproche-
ment involontaire chez le spectateur comme il l'a été sans
doute chez l'artiste, diminue la portée de son œuvre, cons-
ciencieusement traitée, du reste.
    Le tryptique de M. Humbert, intitulé Maternité, occupe
une place d'honneur, et c'est justice. Reproduit par la gra-
vure, discuté ou loué par tous les critiques d'art qui ont
écrit sur le Salon de Paris en 1889 ; ce tableau en trois
parties, où la principale page représente une paysanne por-
tant fièrement ses deux enfants entre ses bras robustes, est
bien connu. Ceux qui l'ont déjà vu, le contempleront
encore avec émotion, car l'un des deux panneaux contient
le cadavre du fils mort pour la patrie, jeté sanglant sur un
coin perdu du champ de bataille par [une balle ennemie, et
 l'autre nous montre sa pauvre petite sœur, durement cour-
      X" 3. — Mars 1890                               I«