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                    A TRAVERS LA KABYLIE                     71

dans ces nouvelles écoles ; on n'y enseigne que les grands
principes de la morale pratique, et en outre le français,
l'arithmétique, un peu d'histoire et surtout la propreté. Les
Sœurs blanches, spécialement, apprennent à leurs élèves à
coudre, laver, faire la cuisine et raccommoder. Le raccom-
modage surtout a un immense succès. Il faut savoir, pour
le comprendre, que les femmes kabyles ne s'en occupent
pas du tout, et que ce sont les hommes qui rapiècent eux-
mêmes leurs vêtements. Devenues ainsi de bonnes femmes
kabyles, les jeunes filles qui vont à l'école des Sœurs blanches
trouvent facilement à se marier. Chose remarquable, un
certain nombre sont déjà fiancées et restent à l'école du con-
sentement de leurs futurs maris. Il est impossible de nier
que ce système d'éducation fasse gravir aux indigènes un
premier degré de la civilisation. Mais il faut reconnaître
aussi qu'il doit sa réussite au dévouement des nouveaux
instituteurs et institutrices, et que la cause de ce dévoue-
ment est la religion chrétienne (p. 161 et s.).
   On a également beaucoup parlé des orphelins du cardinal
Lavigerie. Recueillis pendant la terrible famine de 1868, un
certain nombre ont été établis dans deux villages fondés
pour eux dans la plaine du Chélif: Sainte-Monique et Saint-
Cyprien des Attafs. Ils forment actuellement une cinquan-
taine de familles, soit une population d'à peu près 350 per-
sonnes. Ces orphelins sont devenus chrétiens; ils se sont
mariés, et leurs enfants, chrétiens comme eux, ne parlent
pas d'autre langue que le français. Le défaut d'argent a
empêché de créer de nouveaux centres. L'essai a donc été
limité, mais il a réussi ; il a fait franchir aux indigènes qui
en ont été l'objet, un second degré dans la voie de la civi-
lisation, et l'amiral de Gueydon, qui a été, de l'aveu de tous
les Algériens, le meilleur gouverneur qu'ait eu l'Algérie