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62                   A TRAVERS LA KABYL1E

   Cet abaissement de la femme ne vient pas seulement de
la barbarie de la race ; il vient surtout de la religion.
D'après le Coran, « les hommes sont supérieurs aux femmes,
à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-
 dessus de celles-ci. » La femme est un « être qui grandit
dans les ornements et les parures et qui est toujours à dis-
puter sans raison... O vous qui croyez! vous avez des
ennemies dans vos épouses... » En conséquence, « vous
réprimanderez les femmes dont vous auriez à craindre la
désobéissance, vous les reléguerez dans des lits à part, vous
les battrez... » Il s'ensuit que le droit de battre sa femme
est considéré par les mahométans comme le premier des
droits de l'homme. Il y a quelque temps, un conseil
municipal des environs d'Alger nommait adjoint un Moza-
bite (2), en remplacement d'un vieil Arabe qui remplissait
ces fonctions depuis vingt-trois ans. « Comment ! s'écria
l'Arabe, ce sera un Mozabite qui interviendra quand je
battrai ma femme » ! Ce n'était pas l'officier municipal
évincé qui protestait, c'était le mari qui craignait d'être
atteint dans sa plus chère prérogative (p. 180 et s.).

                                 II

  En faisant la conquête de l'Algérie, la France s'était pro-
posée de mettre fin à la piraterie qui désolait la Méditer-
ranée, menaçait les côtes de l'Europe et entravait le
commerce. En la maintenant sous son autorité, elle a
aujourd'hui pour but d'en accroître et d'en améliorer la
population. Faire régner la sécurité et perfectionner l'agri-


  (2) Indigènes de race berbère qui habitent le pays du Mzab, au sud
de Laghouat (p. 178).                                             .