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                   A TRAVERS LA KABVLIE                    59

quelquefois entraîner par des sentiments chevaleresques ;
ils sont la proie des juifs. Enfin, il règne entre les deux
races.une profonde antipathie, et lorsque les Kabyles se
sont soumis à la France, ils ont demandé qu'on ne leur
donnât pas d'Arabes pour les commander (pp. 12, 99, 219,
124, 262).
   Examiner ici leur organisation politique nous mènerait
trop loin; on trouvera, à ce sujet, quelques détails, p. 76
et suivantes, de l'ouvrage. Constatons seulement, que parmi
les principaux résultats du gouvernement démocratique des
Kabyles, se trouvent les guerres civiles. Presque conti-
nuelles avant l'occupation française, elles éclataient non
seulement entre différents villages, dont chacun formait
une république indépendante, mais souvent encore entre
les habitants d'un même village. Elles naissaient générale-
ment des causes les plus futiles. On cite le cas de deux
Kabyles qui, s'étant disputés pour une somme de 7 cen-
times, entraînèrent tous leurs voisins dans leur querelle et
furent cause d'une mêlée générale dans laquelle périrent
quarante-cinq personnes. Si ces combats n'avaient pas tou-
jours occasionné des morts ou de graves blessures, on aurait
souvent pu les considérer comme de simples jeux. Au mi-
lieu de la journée, par exemple, et d'un commun accord,
une suspension d'armes avait toujours lieu, pour permettre
aux femmes des deux partis d'apporter à manger aux com-
battants. Quand ceux-ci avaient'repris des forces suffisantes,
les femmes se retiraient et les coups de fusils recommen-
çaient de plus belle.
  Au grand désespoir des indigènes, grâce à la crainte
qu'inspire l'autorité française, ces temps héroïques touchent
à leur fin. Un dernier reste des guerres civiles subsiste
encore : les vengeances privées.