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58                  A TRAVERS LA KABYLIE

nord de l'Afrique. Parmi les Berbères, les uns, ceux qui
sont demeurés dans les plaines, et c'est le plus grand nom-
bre, se sont fondus avec les Arabes ; les autres, ceux qui se
sont réfugiés dans les montagnes, comme les Kabyles du
Djurdjura et de l'Aurès, ou dans le Sahara, comme les
Touaregs, ont maintenu leur indépendance et conservé
leur langue. Mais, par un phénomène moral qui n'a pas
encore été expliqué, toute la race berbère, la partie assi-
milée comme la partie non assimilée, a adopté la religion
des Arabes, l'islamisme (pp. 81, 129, 221).
   Quoique ayant la même religion, les deux races, partout
où il n'y a pas eu fusion, se distinguent encore facilement
l'une de l'autre. Elles ne parlent pas la même langue, et
même en matière religieuse, les Kabyles se séparent des
Arabes. Ils observent, en effet, les préceptes de l'islamisme
d'une manière moins stricte. Le Coran est, pour les Arabes,
une règle à la fois civile, politique et religieuse; il n'est,
pour les Kabyles, qu'un code religieux ; et, pour leur orga-
nisation civile et politique, ils suivent leurs anciennes cou-
tumes, leurs canouns. Les femmes kabyles jouissent d'une
certaine liberté relative et sortent sans voile; les femmes
arabes, le plus souvent séquestrées, ne sortent jamais que
voilées. Les Kabyles sont démocrates; ils vivent en répu-
blique. Chez les Arabes, l'aristocratie domine. Les Kabyles
sont sédentaires et cultivent. Ils ont adopté le régime de la
propriété individuelle. Laborieux et économes, ils n'agissent
jamais que d'après les calculs de l'intérêt. On a vu un
Kabyle faire 40 kilomètres pour réclamer 10 centimes qu'il
avait payés en trop; aussi, aucun juif n'a-t-il pu, jusqu'à pré-
sent, s'établir en Kabylie. Les Arabes, au contraire, presque
tous nomades, admettent la communauté des terres et
vivent en pasteurs. Paresseux et prodigues, ils se laissent