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A TRAVERS LA KABYLIE 57 d'Alger, enlevé, l'année dernière, à l'âge de trente-quatre ans, à l'enseignement public et à l'affection de ses parents et de ses amis. C'était avec la plus vive répugnance qu'il s'était vu désigner, après le concours d'agrégation de 1884, pour le poste d'Alger, et le sentiment du devoir, qui a tou- jours été la règle de sa vie, avait seul pu en triompher. Mais, à peine arrivé en Afrique, il avait été séduit par la beauté du pays et du climat, et surtout par l'importance des questions que soulève la conquête d'un pays musulman par une nation chrétienne. Il s'intéressa spécialement à la Kabylie ; il y fit plusieurs voyages, et compléta les rensei- gnements qu'il avait recueillis directement lui-même, en interrogeant les personnes qui, par leurs études ou par leur position, pouvaient le mieux l'éclairer. C'est le fruit de ces voyages et de ces enquêtes que nous donne son ouvrage ; ce sont les principaux points qu'il traite, que nous nous proposons d'indiquer. I La race berbère, l'ancienne race numide, semble avoir occupé jadis tout le nord de l'Afrique. D'où venait-elle? On l'ignore. Sa langue ayant des racines européennes et une syntaxe sémitique, on en conclut que les Berbères ont eu des relations avec les Européens et les Sémites ; la date et la nature de ces relations, on ne les connaît pas. Les Berbères furent soumis par les Romains sans être assimilés, et de la domination romaine, il ne reste plus aujourd'hui que des ruines. Les Arabes ont eu sur eux plus d'action. C'est que les Romains n'avaient envoyé dans le pays que des soldats, tandis que les Arabes l'ont envahi par grandes masses, avec femmes et enfants; ils ont comme inondé le