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                           LITTÉRATURE                         521
touer); c'est à des formes correspondantes qu'il faut ratta-
cher les noms chaldéen et arabe du paon aussi bien que
les noms rawç et Tafiv (rar«ç et T«rwv, Benfey) importés
probablement en Grèce par les Phéniciens avec l'oiseau
lui-même.
                           INITIALE V

  Tous les mots rangés sous cette initiale ont subi l'alté-
ration dont il vient d'être parlé; mais il est facile de les
ramener à leur type : latin guiitgo, germain p i c k e n ,
slave p u k a n , type conservé aussi dans le grec wotxAoj
pointillé et jusque dans notre français : p i q u e r .
                           INITIALE   C.

   Quant au sanscrit ç i k l i i n inscrit solitaire sous l'ini-
tiale C, le mot voisin ç i k h â aigrette et pointe nous indi-
que ses deux sens possibles.

   De ce qui précède il résulte que le plumage bigarré du
paon a déterminé ses noms; le paon est l'oiseau tacheté,
tavelé, ponctué, c'est l'un des oiseaux peints de Virgile :
Pict&que volucres, et les deux groupes fraternels en T et
en P sont l'un à l'autre ce que la nom du t i g r e est au nom
de la p i n t a d e , ce que t i n g e r e est à pingeve.
   La conformité qui rapproche tugeft du tamoul langue
 dravidienne et l'hébreu tltaqa 4 le sanscrit t ê g â - m i , ainsi
que les autres mots signifiant piquer dans les langues
sémitiques et indo-européennes est digne d'être remar-
quée; le cas n'est point isolé cependant, et il ne faudrait
pas trop s'étonner de telles affinités :
   Plus on descend dans les profondeurs des langues,
plus on voit leurs différents groupes se toucher par la base.
   J'ajouterai même : plus on analyse et plus on compare
entre eux les différents mots d'une même langue, plus on
les voit tendre vers une mystérieuse unité.
                                        A N T . JOANNON.
      Lyon,10 septembre 18?4.