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384 VICTOR DE LAPRADE rosée. Dès l'aube, des fleurs nouvelles et inconnues étaient écloses de ces pleurs pieux, et chacune de leurs tiges balan- çait un joyeux nid. a Elle semblait porter le printemps avec elle. » Partout oîi elle se reposait, une source, un arbuste, un gazon marquaient sa place. Partout sous ses pas les herbes verdissaient. La, une vigne sortait d'ua terrain jadis épi- neux où ses doigts avaient par distraction égrené un raisin. Elle grandit de la sorte, « S'assimilant l'esprit des plantes et des eaux, Inattcnlive à l'homme, ayant une famille Partout où la nature et végète et fourmille. » « Inattentive à l'homme. » Entre tous ceux qui l'aimaient, sans qu'elle comprit leur amour, « Un, plus silencieux, c'pris de solitudes, » occupait son cœur. C'est le vieillard de la grotte. Mais il n'était que son ami. Les mêmes goûts les avaient rappro- chés tous deux. Il la suivait dans ses promenades, tenant sa main entre les siennes, échangeant avec elle un regard rapide et partageant ses pensées. Il apprenait d'elle à décou- vrir les symboles et les mystères de ce monde, à discerner les différentes voix des êtres et leurs rapports entre eux, à connaître les vertus des simples. « La Vierge l'instruisait dans son silence même. » Sous l'œil de Dieu, au fond des solitudes, ces deux en- fants passaient durant l'été les jours et quelquefois les nuits à interroger la nature et à scruter ses secrets. Mais dès que l'hiver était venu, Hermia ne sortait plus de sa cabane, se cachant aux siens et comme livrée à un sommeil léthargi- que. Son teint pâlissait, son beau regard s'éteignait, sa lan-