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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 4 75 je n'ai eu qu'à glaner et à réunir de beaux épis, et je dépose aujourd'hui cette gerbe entre les mains de tous les hommes d'intelligence et de cœur qui daigneront en agréer l'hommage, Ils voudront bien n'y voir que l'œuvre d'un homme profondément dévoué à son pays, qui tente, dans la mesure de ses forces, de l'aider à se relever comme un blessé tombé sur le champ de bataille et à le replacer au rang glorieux qu'il doit occuper dans le monde. Mais qu'il me soit permis de dire un mot un peu... dur, peut-être, mais vrai, à bien des habitants de notre ville. Quand, dans d'autres temps, nous vivions sous des régi- mes où le lendemain était... ou semblait assuré, bien des hommes de savoir et de mérite se plaisaient, par leurs travaux en commun ou isolés, à faire fleurir les sciences et les arts, comme on disait alors ; de généreux dona- teurs comblaient nos musées, et nos bibliothèques gran- dissaient ; Lyon s'était même fait alors un nom dans les arts et les sciences. Mais aujourd'hui, cet élan ne s'est-il pas ralenti ou même arrêté? On travaille moi"s et on donne moins, et cependant, dans les tristes temps que nous traversons, alors que nous sommes, comme sur un navire démâté, le jouet des flots, chacun ne devrait-il pas être sur le pont et aux manœuvres? Que ceux donc à qui la fortune a souri sortent de leur somnolence, qu'ils viennent donc apporter une partie de leur or pour acheter de bons livres et des objets d'art; ce sera aussi un moyen pour arriver à aveugler les voies d'eau de notre pauvre navire désemparé et à la dérive. A Lyon, comme ailleurs, on attend tout du gouvernement, et l'initiative privée, qui pourrait tant, se croise les bras, comme si la manne devait encore tomber du ciel. C'est donc à l'initiative pri- vée, aux individualités que.je fais appel. Réunissons- nous donc, serrons nos rangs, écrivons sur notre drapeau