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118                   ÉPURES D'ANGE POLITIEN.

tous les honneurs de son rang, et reçut de son père une
lettre pleine de sages conseils, où l'on voit éclater à la fois,
dit Rbscoë (i), les lumières d'une raison saine et l'affection
d'un père, mais où l'on découvre aussi la politique pro-
fonde et l'immense étendue des vues de Laurent.
   Ce fut le guide de la vie,et le plan de conduite de ce fils,
destiné au rang suprême dans la chrétienté, mais ce fut
aussi., selon Fabroni, tanquam cycnea prudentissimi
hominis vox et oratio. Peu de jours après, il mourut, et
 Innocent VIII ne tarda pas à le suivre dans la tombe.
Cette double catastrophe, et l'élévation au pontificat de
Roderico Borgia, sonnèrent l'heure fatale des infortunes
dont étaient menacées l'Italie et la maison de Médicis.
   Pierre n'était âgé que de vingt-un ans quand il saisit
l'autorité suprême dans sa patrie ; il forma aussitôt, avec
le roi de Naples et avec le pape, une alliance plus intime.
   Ici, paraît en scène le mauvais génie de l'Italie, ce Ludo-
vic Sforce, dont l'œil pénétrant ne laissa point échapper
les démarches du nouveau chef de Florence. Son âme cri-
minelle en conçut un sentiment de jalousie, que toutes les
protestations de Pierre ne purent jamais calmer ; pour le
satisfaire, il ne craignit pas d'appeler sur sa malheureuse
patrie les armes de l'étranger. Ce fut à l'ambition de
 Charles VIII qu'il s'adressa, avec un succès aussi mal-
heureux pour la France que pour l'Italie. Mais il ne vit
pas plutôt approcher l'armée française, qu'il se sentit frappé
de terreur, et tout en pressant Charles de poursuivre l'exé-
cution de ses desseins contre le royaume de Naples, il exci-
tait, par ses émissaires secrets, tous les Etats de l'Italie à
organiser contre lui la résistance armée. Pierre de Médicis,
outré de cette duplicité, résolut d'en tirer parti pour con-
vaincre le roi de France de la mauvaise foi de son allié.
D'après Oricellarius (2), il y avait dansje palais de Médicis

  (1) Life ofLorenzo, cl), vin.
  (i) Oricellarius, forme latine du nom de Rucccllaï, de bello itul., p. Î.4.