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ÉPITRES D'ANGE P0L1TIEN. 443 quelle main sortait cette admirable toile, qui n'offre plus que l'ombre de son mérite original ? de ceux de Michel- Ange , l'ami, le protégé de Laurent de Médicis, qui le reçut, en 4488, dans son palais, où il demeura quatre an- nées , mangeant à la table de Laurent, avec ses hôtes les plus considérés. Là , dit Condivi, dans la biographie si dé- taillée qu'il nous a laissée de Michel-Ange , par une règle tout à fait digne d'éloges, les distinctions de rang, les céré- monies importunes étaient abolies , et chaque personne prenait place suivant l'ordre dans lequel elle était arrivée. Par ce moyen, le jeune artiste se trouva tout d'un coup en relation, sur le pied de l'égalité, avec tout eu qu'il y avait d'hommes savants et célèbres dans Florence ; c'est ainsi qu'il fut à portée de contracter des liaisons et des amitiés qui, si elles ne créent pas les talents supérieurs, en sont du moins l'aliment nécessaire et la plus douce récompense (1). Le même biographe nous rapporte, avec une certaine indignation, qu'après la mort de Laurent de Médicis, son fils Pierre, tout en continuant de donner à Michel-Ange les mêmes marques de bonté que son père lui avait cons- tamment accordées, au lieu de lui faire imprimer au marbre ou à l'airain des formes dignes de l'immortalité, employa son génie à élever, au milieu de sa cour, une statue de neige (2). Je doute que ce grand artiste ait partagé cette indignation, et pu voir, dans la demande de son protec- teur, autre chose qu'une fantaisie de jeune homme, à la- quelle il sa prêta sans doute en riant. C'est à cette époque que Michel-Ange fit, d'ailleurs , le portrait de Pierre de Médicis, ou dans un temps très-rap- (1) Condivi, VitadiMichel-Âgnolo. (2) Essendo in Firenze venuta dimoltaneve, Picr de' Medici... volendo, come giovane, far fare nel mezzo dclla sua cortc una statua di neve, si ricordô di Michel-Agnolo, e fattolo cercare , gli fece fare la statua , etc. (Condivi, ut supra). S