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                        TICTOR DE LAPIUDE                      385
gue restait enchaînée, et son esprit semblait avoir aban-
donné son corps. Il allait, dit le poète, s'abîmer
    « Dans les flancs de la terre et dans ceux des nuages »,

pour en rapporter au printemps une moisson de connais-
sances et de récits.
   Cependant l'amour de l'un grandissait avec la beauté
de l'autre. Plein de l'ardeur de la jeunesse, celui-là ou-
bliait souvent la prêtresse pour la femme., et toujours pure,
toujours calme, celle-ci l'aimait comme une sœur son frère.
Elle l'aimait de cet amour que les plantes ont pour le soleil,
les flots pour les roseaux, les oiseaux pour les fleurs,
lorsqu'un jour où la nature exhalait un trop plein de vie,
où les parfums pénétrants enivraient jusqu'au cœur, les deux
jeunes gens atteignent le seuil de la grotte. Elle,
        Ce chaste nénuphar trempé de froides ondes,
        Ce lys ferme et sans tache et de rosée empli,
        Ce cœur de pur cristal semblait s'être amolli.

  Elle ressent pour la première fois l'aiguillon du désir. Elle
se laisse cueillir un baiser ; sa lèvre frémit avec bonheur et
gémit doucement. Hélas !
        C'est un frisson mortel qui passe sur sa bouche !
        Sous son front sans couleur se ferme un œil glacé,
        Sur ses reins fléchissant son cou s'est renversé,
        Et vierge, sur les fleurs et la mousse odorante,
        Le lit prêt pour l'hymen la reçut expirante.

  Elle était morte d'une première caresse.
  Quoique différant absolument les uns des autres, le poème
d'Hermia conduit a celui de Fausla pour aboutir tous deux
à Pernette.
  Tout poète ayant la puissance de souffle de Victor de
Laprade se porte vers l'épopée.
  Hermia était l'amour incarné de la nature ; Fausta est