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          LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUK LE FOREZ.         429

   Dans les premiers temps, c'était par les armes spiri-
tuelles que les moines combattaient leurs ennemis. Ils les
frappaient des foudres de l'Eglise, et sous le poids des
anathèmes, le front contempteur des suzerains s'était
souvent courbé, humble et repentant.
   Mais l'outrecuidance et l'impiété des spoliateurs avait
grandi. Le temps n'était plus où l'excommunication suf-
fisait pour tenir en respect les mécréants, et c'était en
vain désormais que revêtu des habits sacerdotaux, en-
touré de ses moines, le prieur du couvent, sur le seuil de
son église, au son des cloches tintant un glas de mort, à
la pâle lueur des cierges, lançait l'anatlième contre les
déprédateurs sacrilèges ; ceux-ci, banissant toute crainte,
abdiquant toute honte, venaient maintenant jusque dans
le sanctuaire exercer leurs pillages.
   Et cependant, le pape Célestin III avait institué les
sacrés bans autour de l'abbaye de la Chaise-Dieu et de
ses prieurés. Il avait déterminé autour de chaque monas-
tère un espace de terrain dans lequel il était défendu à
tout clerc et à tout laïque d'attenter aux droits et à la
tranquillité des religieux, sous peine d'encourir l'excom •
munication majeure ipso facto. « Qu'ils soient maudits
« dans leur veille et dans leur sommeil, dit énergique-
« ment la bulle pontificale, ceux qui oseront enfreindre
« la défense du Saint-Siège ; qu'ils soient maudits dans
« leur marche et dans leur repos, dans leur boire et dans
« leur manger, dans leurs actions et leurs pensées : que
« les enfants de leurs enfants, repoussés partout, errent
« loin du seuil paternel , exilés et mendiants ; qu'ils
 « soient maudits de toutes les malédictions divines et
« humaines et qu'ils demeurent excommuniés jusqu'à ce
 » qu'ils se repentent » (1193).
   A l'exemple des souverains Pontifes, les rois de France
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