Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 20                  LE PALAIS SAINT-PIERRE.

   fait dans ces logements, les nombreuses gaînes de
  cheminées qui traversent ces amas de bois , peuvent
   engendrer le plus effroyable incendie et réduire en cendres,
  en quelques instants, tout le Palais et ses immenses
  richesses. Aussi, on se demande comment l'administra-
  tion supérieure n'a pas avisé depuis longtemps à parer à
  ce grand péril, en faisant déblayer ce grenier qui pour-
  rait recevoir une destination utile , et en en éloignant
  tous ceux qui occupent ce vaste local.
     Telle était primitivement cette belle et grande abbaye.
  Quoique bénédictine, il ne fallait pas y rechercher l'aus-
  tère sévérité de la règle de saint Benoît, ni encore moins
  celle de la règle plus sévère de saint Bernard véritable
 iconoclaste. — Au temps de la construction de l'abbaye de
 Saint-Pierre, on était loin des temps de ces deux illustres
 chefs du grand et puissant ordre dont les maisons-mères
  étaient Cluny, Citeaux et Clairvaux. Les mœurs .s'étaient
 adoucies, les règles relâchées — et, quand, en 1659,
 Anne d'Albert de Chaulnes posa la première pierre de
 son royal monastère, les communautés religieuses n'é-
 taient plus ces froids sépulcres de pierre dans lesquels
 s'ensevelissaient, primitivement, pour y vivre comme ou-
 bliées, et dans la prière et la contemplation divine, des
 âmes détachées entièrement du monde. — Alors, les mai-
 sons religieuses étaient devenues de simples retraites, où,
quoique sous une règle en apparence sévère, la vie était
plus douce et plus facile ; le monde extérieur pénétrait
même dans ces maisons, et les religieuses n'étaient, pour
ainsi dire, que de nobles chanoinesses.
    Mais, comme rien n'est moins stable que les institutions
humaines, l'heure de la terrible Révolution vint à sonner,
en 1789. Déviée bientôt de son but, entraînée malgré elle
sur cette pente fatale sur laquelle glissent toutes les