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514                       ÃŽSIUUOGIUI'HIE.

pour l'écrivain qui tente de faire revivre les puissants acteurs
qui se sont partagé, à Cluny, à Clteaux, le gouvernement du
monde, des lacunes qu'il est impossible de combler.
   Un dernier obstacle pour ces sortes de restitutions historiques
est dans la dispersion et la destruction des archives monastiques
et des pièces originales. Ces lacunes se rencontrent à chaque pas,
et il est presque inutile de mentionner ce fait tant il est général
en France. 93 n'est pas le seul coupable de ces actes de vanda-
lisme, les révolutions religieuses du XVIe sièclo en ont accompli
un grand nombre. Cluny et les nombreux monastères placés
soas sa dépendance n'ont pas échappé au sort commun ; il n'est
pas étonnant que son historien exprime des regrets de voir se
briser quelquefois entre ses mains le fil de ses récits. J'ai peut-
être un peu longuement insisté sur ces préliminaires ; mais il est
juste, en présence d'un monument tel que celui que M. Pignot a
si laborieusement élevé à la mémoire de Cluny, de faire ressortir
l'étendue de son travail, la conscience, la patience, et je le répète
avec un sincère éloge, la passion qu'il a apportées à en recueil-
lir pendant de longues années les matériaux, la sagacité de
l'esprit critique et généralisateur avec laquelle il en a assemblé
les solides fondements. Le faible des érudits est trop souvent de
rapetisser l'histoire, de l'égarer dans des discussions de textes,
de la faire descendre à des questions de pure archéologie. M. Pi-
gnot n'est pas de ce nombre ; il sait la maintenir à sa hauteur, il
ne s'attache qu'aux événements eux-mêmes, et n'a d'autre souci,
après tout, que d'en expliquer le sens et la portée.

                                                    ROIBOT.


        [A continuer)