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510 LE PAGE BU BARON I>E8 ADRETS. criant sous son effort. La porte s'ouvre, mais le soldat effaré recule à l'aspect d'une fumée épaisse qui monte et tourbillonne dans l'église en répandant une fétide et repoussante odeur. Nul doute, c'est dans cet antre, ce caveau, ce piège peut-être, que gît le baron, frappé, assassiné. Le huguenot crie, appelle, on accourt et la troupe contemple avec effroi l'étroit passage, le rapide escalier que défend contre les envahisseurs une fumée dont la provenance est un mystère, mais qu'on ne peut respirer et, dont la vue seule fait horreur. B!ancon froid, résolu, s'ouvre un passage à travers ses soldats, descend malgré la fumée méphitique et disparaît dans le souterrain; les plus hardis le suivent. On allume dans la sacristie des lampes et des cierges et bientôt une faible clarté scintille sous les voûtes. La porte ouverte dans l'église laisse échapper des tourbillons de fumée qui dégagent le caveau et permettent d'y respirer. Lessoldats émus et surmontant le danger de mort qui les menace, suivent leur chef, descendent les marches rapides et se heurtent aux tombes que leur vue a peine à percevoir. Blancon qui marche avec précaution heurte un corps étendu à terre. Son pied a frappé une cuirasse. Il se baisse, palpe, saisit le guerrier qu'il reconnaît, l'appelle,- mais le baron inerte ne répond pas. Les soldats se pres- sent autour de lui; vit-il encore? On l'ignore. Yingt bras saisissent le vaillant général et, heureux d'avoir trouvé le chef qu'ils cherchaient avec tant d'anxiété, terrifiés de le voir inanimé, peut-être sans vie, les huguenots s'em- pressèrent de fuir ce lieu terrible dont ils ne connaissaient pas tous les secrets. • • Antonin THIVEL. (A continuer.)