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 LE PAGE DD BARON DES ADRETS
                              SUITE (1).




    Les deux soldats commis à la garde du trésor ne
dormaient pas ; rompus aux fatigues de la guerre, ifs se
souciaient peu d'une veillée prolongée, mais, avides,
âpres au butin, ils ne cessaient de contempler ces riches-
ses dignes d'un roi. L'abbaye de l'Ile-Barbe avait mis
des siècles à entasser cet or et ces pierreries, ces reli-
quaires en métal précieux, ces vases, ces calices, ces
ostensoirs, dons des souverains, ces ornements qu'on
aurait dit être tissés par la main des fées, et où la soie
s'était pliée aux plus ravissants caprices de l'imagina-
tion. Ils ne savaient qu'admirer davantage, Je travail ou
l'or, la matière ou l'art. Eux qui avaient ravagé l'Italie
et la France, pillé les châteaux et les monastères, jamais
ils n'avaient vu si colossale fortune à leur portée ; leurs
yeux étincelaient eh se fixant sur ces éblouissantes clar-
tés, leurs mains se crispaient en touchant les vases sacrés
d'un poids si lourd. Le feu des pierreries les attirait
comme la lumière attire les papillons; l'ivresse les prit
et leur tête tourna enfin ; il y avait longtemps que la
conscience n'existait plus pour faire contrepoids.
    — Le diable brûle celui qui nous a mis en faction
devant ces montagnes d'or et d'argent, dit le plus vieux.

  (J) Voir les précédentes livraisons.